Série « Quarks », 2002.
5 photomontages, impression pigment Rag bright white sur papier mat 310g. Dim : h20 x 30 cm.
Edition 1/5 + 3 épreuves d’artiste.
Série publiée sous forme de slideshow dans la « République des Images » (texte accompagné de deux autres montages photographiques « Big Bang » et « Mezopolis ») dans la revue online Tales Magazine #5, Paris, 2010.
« La République des Images », Tales Magazine #5, 2010
Dans l’Univers des Images PIIMS, ça faisait longtemps maintenant que les choses étaient complètement parties en live ! La Cellule de Crise essayait régulièrement de mettre de l’ordre mais ce n’était qu’une solution cosmétique à un problème de fond.
Après des années d’ébats intenses et de mobilisations chaotiques, la situation s’était ensuite bizarrement gelée, comme une guerre froide, tendue; il fallait vraiment changer la donne, revenir en arrière pour ré-avancer, essayer de sauver la situation, espérer….
De mémoire, la Cellule de Crise CDC s’était formée dans un moment de tumulte fulgurant (qu’on avait pris l’habitude d’appeler Big Bang) où la population des images avaient commencé à s’exprimer bien plus violemment qu’à son habitude, et où l’on avait senti « l’idée qu’il suffirait peut-être d’un rien ce soir-là, une tout petit rien pour faire évoluer la situation » au risque d’une dissolution généralisée. On avait jamais réussi à trop savoir ce qui s’était passé ce soir-là « entre tsunami crânien ou conjonction astrale particulière ». « Toujours est-il qu’il y avait eu du rififi dans les neuro-transmetteurs », comme une révoltante marée noire, et qu’on avait frôlé le Grand Soir. C’est apparemment ce jour-là que les syndicats des images avaient institutionnalisé la CDC pour mieux maîtriser la catastrophe et, malgré leur manque de vision claire, ils avaient quand même réussi à sauver la situation.
À la suite de cet épisode resté mal compris, les conflits étaient toutefois persistants et la situation restait malsaine, inconfortable; trop chaud, trop froid, trop haute pression, trop basse pression, trop de vent, pas assez, trop de détritus, trop sec, trop humide, trop de produits chimiques, de synthétique, de faux, de mensonges.
Et puis finalement de la fatigue, du vieillissement, de l’ennui, de la jalousie, de l’angoisse sourde, de la peur et de la tristesse. Même si les images se réveillaient parfois et se mettaient encore à jouer de la musique, à fricoter et à danser, l’ambiance générale était assez désolée, épuisée par tant de vaines projections, de plans incompris, d’occasions ratées, comme si le spectre de la catastrophe rôdait toujours dans le ciel de PIIMS.
Il y avait eu quelques velléités d’auto-organisation qui n’avaient jamais abouti. Les syndicats, même s’ils ne représentaient pas parfaitement l’univers PIIMS dans sa globalité, formaient un socle de pilotage et on avait espéré que de la CDC où les cinq principaux organismes se concertaient, émergerait une gouvernance digne de ce nom. Mais dévorés par des guerres intestines, l’incapacité à lâcher la main, et les improvisations palliatives très incertaines, ils n’avaient jamais réussi à accomplir cette transformation…
C’est un nouveau signal qui avait récemment changé la situation, un fait discret mais qui, comme une sobre bouffée d’air, ouvrait un nouvel horizon, peut-être une promesse… Le Mirror, journal de l’univers PIIMS, avait retrouvé et publié sous le titre ambigüe de « Machination », le témoignage non daté et un peu étrange d’un ancien Scribe silencieux de la CDC, à même de laisser profondément perplexe.
On lisait difficilement mais cela parlait de choses telles que la « République des Images », le « Parlement des Images », la « Cellule de Crise », le parti « Times » dont on comprenait qu’il pouvait prendre différentes couleurs. On décryptait aussi des termes tels que « Mezopolis », ou « Polygon » et encore bien d’autres concepts qui, dans leur flou, invitaient à la spéculation…
Cet article, pourtant coincé entre de nombreuses banalités d’un monde un peu épuisé, avait produit une sorte d’électrochoc inattendu dans la société des images. Entre fantasme et inquiétude, les images se remettaient à frémir…
Sans que l’on sache si c’était un témoignage réel ou une pure fiction, fallait-il comprendre qu’il y aurait eu une époque où l’Univers PIIMS était gouverné par la République des Images où auraient siégé les différents courants d’un parti unique appelé Times ? En tout cas, cela donnait le désir de la ré-inventer…
A suivre…